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Perte auditive au travail : causes, impact pour l’entreprise et solutions concrètes.

Un collaborateur sur deux, entre 50 et 64 ans, présente une perte auditive, mais seule la moitié est appareillée. Dans la réalité du travail, cela se traduit par des échanges moins fluides et des consignes parfois floues, surtout en open space, en atelier ou en visioconférence. La perte auditive au travail n’est pas anecdotique : elle pèse sur la compréhension et la qualité des décisions. Managers, RH, HSE, référents handicap : et si vous aidiez les collaborateurs à mieux comprendre les réunions et avoir des échanges plus sereins ?  Poursuivez votre lecture pour des repères simples et des solutions concrètes.

En un coup d’oeil

1) Bruit au travail : chiffres et réalités de terrain

1.1 Exposition : atelier, chantier, open space, visioconférence

Selon les lieux et les tâches, le bruit ne se ressemble pas. 

  • En atelier/chantier, on cumule des niveaux de bruit élevés et des bruits d’impact (sons très brefs et très forts : cloueuse, marteau-piqueur, chute de pièces) qui sollicitent fortement l’oreille. 
  • En bureau, les niveaux sont plus bas mais continus (paroles, sonneries, claviers) et finissent par user l’écoute.


En 2025, 56 % des actifs se disent gênés par le bruit ; plus d’un sur deux rapporte au moins une répercussion sur l’activité (58 %) et sur la santé (73 %, dont 52 % d’atteintes auditives).

Ce contexte sonore n’explique pas tout, mais il peut révéler ou aggraver une perte auditive déjà présente, d’où l’intérêt de repérer tôt les signes et d’agir simplement sur l’organisation des échanges.

Les open space (notamment en bureaux flexibles) concentrent ces effets : jusqu’à 80 % des collaborateurs y déclarent au moins une répercussion de santé, même sans atteindre des seuils “industriels”. Les postes d’atelier/chantier restent, eux, parmi les plus exposés.

Pour situer vos niveaux sonores, référez-vous à l’Échelle de bruit (ci-dessous).
Vous pouvez également utiliser des applications pour mesurer le niveau sonore de votre environnement (à titre indicatif). Ces applications donnent un ordre de grandeur, mais ne remplacent pas une mesure normée lorsqu’il s’agit de décider d’actions réglementaires. 

Enfin, téléphone et visioconférences peuvent majorer l’effort d’écoute (bruits de fond, chevauchements de parole, qualité des micros). Chez les personnes gênées, on observe plus souvent de la fatigue (59 %), des difficultés de concentration (56 %), du stress (50 %) et de la gêne auditive (45 %).

👉 Passer à l’action (1 minute) : identifiez 2–3 situations particulièrement gênantes et suivez ces étapes pratiques :

1.2. Signaux d’alerte : fatigue auditive, demandes de répétition, erreurs

Un environnement sonore qui fatigue se repère vite… si l’on sait quoi observer. Ces manifestations précèdent souvent les malentendus et les reprises de tâches (jusqu’à 44 % d’incompréhensions avec l’encadrement ; 40–41 % d’échanges tendus ; jusqu’à 38 % déclarent des comportements de retrait). Pris ensemble, ces indicateurs peuvent signaler une perte auditive et justifient une observation attentive.

Trois signaux simples doivent vous alerter :

  • Fin de journée lourde : irritabilité, besoin de pauses plus longues, attention qui décroche.
  • “Vous pouvez répéter ?” en réunion, au téléphone ou en visioconférence : la consigne a été partiellement entendue.
  • Messages contradictoires dans l’équipe : mails de clarification, tensions, retrait (jusqu’à 38 % des personnes gênées déclarent ce type de comportements).

2) Surdité professionnelle et autres causes de perte auditive

2.1. Perte auditive au travail : surdité professionnelle et autres causes

Dans la vie de l’entreprise, deux réalités se croisent. La surdité professionnelle est liée aux expositions au bruit au travail (niveaux élevés et/ou bruits d’impact brefs et intenses), fréquente en atelier, sur chantier ou en maintenance. Ces situations peuvent aggraver une perte auditive préexistante.
À côté, d’autres pertes auditives — liées à l’âge (presbyacousie), à des antécédents ORL (infections répétées, bouchon de cérumen), à certains médicaments ototoxiques ou à des traumatismes sonores hors travail (concert, bricolage…) — rendent aussi l’écoute difficile dans un environnement sonore exigeant.

En 2025, parmi les personnes gênées par le bruit, 52 % rapportent au moins une répercussion auditive, avec 35 % d’acouphènes et 29 % de surdités déclarées.

  • Surdité professionnelle : la gêne apparaît surtout pendant ou juste après les périodes exposées ; consignes moins bien perçues au milieu des machines ; fatigue auditive plus marquée en fin de poste. Les profils déclarant des surdités (29 %) cumulent davantage fatigue, difficultés de concentration et stress.

Quelle qu’en soit l’origine, une audition fragilisée complique la compréhension et alourdit la charge cognitive ; d’où l’intérêt de réduire l’exposition au bruit et d’adapter la communication à l’échelle de l’équipe.

À noter : les risques du côté personnel sont souvent plus élevés car l’environnement est moins réglementé (concerts, loisirs bruyants, outils domestiques, écoute au casque). Sans vigilance, ces expositions peuvent accélérer la dégradation et entretenir la gêne au travail.

Démarches possibles : si la baisse d’audition a un impact significatif sur le travail (compréhension, sécurité, organisation), le collaborateur peut faire une demande de RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé). Elle facilite l’accès aux aménagements de poste et aux aides adaptées. 

2.2. Population et protocole

Après avoir distingué surdité professionnelle et autres pertes auditives, il arrive que la perte auditive au travail impacte le quotidien. Dans ces cas, la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) peut sécuriser et apporter des solutions.

Ce que la RQTH apporte :

  • Un cadre officiel pour des aménagements de postes adaptés.
  • L’accès facilité aux ressources : référent handicap, service de prévention et de santé au travail, dispositifs d’aide financières. 
  • Un filet de sécurité dans l’emploi : échanges mieux compris, sécurité et qualité renforcée, collaboration plus fluide. Côté RH, recherche d’aménagements et procédures spécifiques en cas de rupture spécifiques en cas de rupture envisagée.

Quand la demander ? 

  • Quand les signaux d’alerte persistent malgré les premiers ajustements (répétitions, malentendus, charge d’écoute).
  • Quand l’impact devient significatif sur la sécurité, la qualité ou la collaboration.
  • Quand le handicap devient gênant pour le poste de travail.
  • Lors d’un changement de poste, d’une réorganisation ou d’un retour après arrêt.

Comment procéder (simple et confidentiel) :

  • Échanger en confiance avec le référent handicap / RH et le médecin du travail pour qualifier les besoins (sans entrer dans l’intime).
  • Déposer la demande de RQTH auprès de la MDPH du département.
  • Une fois la demande déposée, se renseigner sur les aménagements possibles et planifier un point de suivi.

3) Impact pour l’entreprise : fatigue auditive, sécurité et échanges

3.1. Sécurité et qualité : consignes claires, incidents évités

Une perte auditive non traitée en entreprise favorise les incompréhensions, les échanges tendus et, à terme, les erreurs. En 2025, parmi les collaborateurs gênés par le bruit, jusqu’à 44 % déclarent des incompréhensions avec l’encadrement et 40–41 % des tensions. Ces difficultés finissent souvent par se traduire en reprises de tâches et en retards, avec un impact direct sur la qualité de vie au travail et la sécurité.

Sur le terrain, tout se joue dans la clarté du message. Quand une consigne est moins bien entendue, elle est moins bien comprise, et la décision qui suit devient moins fiable. En atelier ou sur chantier, un “stop” mal perçu peut se transformer en quasi-incident. En open space ou à l’accueil, la fatigue auditive et la baisse de concentration allongent les réunions et multiplient les validations.

Pour limiter ces situations, commencez par repérer les signes précoces. En cas de doute, proposez un dépistage en lien avec le service de prévention et de santé au travail afin d’objectiver la gêne et d’orienter des ajustements simples. 

3.2. Climat d’équipe et inclusion : isolement, charge cognitive, collaboration

Quand une perte auditive n’est pas identifiée ou accompagnée, la charge cognitive augmente : il faut décoder les paroles, combler les manques, rester hyper-attentif en réunion, au téléphone ou en visio.
Parmi les collaborateurs gênés par le bruit — et davantage encore lorsqu’une perte auditive est en jeu — on observe 59 % de fatigue, 56 % de difficultés de concentration et 50 % de stress ; jusqu’à 38 % déclarent des comportements de retrait et 40–41 % des échanges tendus.
Cette dynamique fragilise l’inclusion et la cohésion si rien n’est posé.

Résultat : on participe moins, on évite certaines réunions, et l’intégration des collaborateurs malentendants devient plus fragile.

Côté collaboration, de simples règles d’animation allègent cette charge et freinent l’isolement : une prise de parole ordonnée, des consignes écrites en une phrase visibles de tous, et des reformulations rapides pour valider l’essentiel. En clarifiant l’écoute, on restaure la circulation de l’information et la cohésion sans alourdir l’organisation.

4) Agir concrètement : aménagement de poste et communication au travail avec un collaborateur malentendant

4.1. Dépistage auditif en entreprise : quand et pourquoi

Commencez par observer et qualifier la gêne. Le dépistage auditif en entreprise devient pertinent quand des signaux d’alerte sont présents, quand le poste est exposé au bruit au travail (ou vient de changer), ou à des moments clés (prise de poste exposé, retour après arrêt, réaffectation). 

Son intérêt : objectiver la situation, orienter des aménagements simples et prévenir la progression d’une perte auditive au travail, dans un cadre confidentiel et lisible pour le collaborateur. Il permet aussi de distinguer une gêne passagère d’une perte auditive installée. 

Dès que la gêne est repérée (avec ou sans dépistage), on ajuste le poste.

4.2. Aménagements de poste : techniques, organisationnels, numériques

Un bon aménagement réduit la charge cognitive et facilite l’écoute sans bouleverser le travail.

  • Techniques (environnement) : limiter la réverbération des salles (panneaux, rideaux épais, étagères pleines), éloigner les sources de bruit, prévoir un ou des espaces calmes pour les échanges sensibles ou les réunions. Dans l’atelier ou sur un chantier, poser des écrans, matérialiser un périmètre d’échange (zone où l’on s’entend) et afficher des consignes visuelles à hauteur du regard ; soigner l’éclairage pour faciliter la lecture labiale.

  • Organisationnels (cadre du poste) : agencer le poste pour limiter les passages derrière l’accueil et éloigner téléphone/imprimante, planifier des créneaux calmes pour les tâches de précision, et fixer un point d’échange clair (lieu + moment) pour les consignes importantes.

  • Numériques (outillage du poste) : activer les sous-titres et la transcription en visioconférence lorsqu’ils sont disponibles, régler les micros (réduction du bruit) et privilégier si besoin une prise de parole unique via micro de table, puis ancrer l’essentiel par écrit en une ligne de décision après l’échange.

  • Individuels (appareillage et outils de compensation) : favoriser l’appareillage lorsque c’est indiqué, vérifier la compatibilité des appareils avec le poste (téléphone, visio, salle équipée), proposer si besoin des systèmes d’aide à l’écoute (boucle magnétique, micro déporté, récepteur personnel), et mettre à disposition des signaux visuels ou vibrants pour les alertes. Prévoir un temps de prise en main et un point d’ajustement avec le collaborateur et, si nécessaire, la médecine du travail ou le référent handicap.


Ces ajustements seront d’autant plus efficaces que chacun adapte sa manière de communiquer.

4.3. Communication adaptée : réunions, téléphone, visioconférence

La communication au travail avec un collaborateur malentendant tient en trois réflexes simples.

  • En réunion : partager l’ordre du jour, annoncer l’objectif et les consignes clés, instaurer un tour de parole, se tourner vers la personne, reformuler en une phrase chaque décision et l’afficher, puis envoyer un récap très court.
  • Au téléphone : vérifier l’audibilité, parler clairement et par idées/phrases courtes, conclure par un rappel des actions ; si besoin, confirmer par un message écrit.
  • En visioconférence : activer les sous-titres, couper les micros hors prise de parole, annoncer son nom avant d’intervenir, afficher les mots-clés et la décision ou les décisions prises en une ligne.

5) Comment SONUP SoCiety peut aider ?

5.1. Dépistage & accompagnement collaborateur

SONUP SoCiety organise des journées de dépistage auditif en entreprise et des actions de prévention/sensibilisation adaptées à vos contextes. Le dépistage permet de repérer une gêne, d’orienter des aménagements simples et, si besoin, d’accompagner le collaborateur après le test (conseils pratiques, mise en relation vers le parcours de soin).

Les formats et offres sont ludiques et clés en main : ateliers, conférences, fresque de l’audition, station de dépistage, interventions sur site ou à distance.  

L’objectif pour nous est de proposer des actions simples à mettre en place sur la santé auditive au travail, sans alourdir l’organisation.

5.2. Sensibilisation managers/HSE/RH

SONUP SoCiety propose des sessions de sensibilisation et formations destinées aux managers, HSE et RH : comprendre les impacts du bruit au travail, adopter des repères de communication, collaborer avec un collègue malentendant.
Les formats sont participatifs (ateliers thématiques, webinaires, fresque de l’audition) et centrés sur des gestes applicables tout de suite. 

L’objectif ? Comprendre les impacts du bruit et faire de la prévention sur la perte d’audition. On renforce la collaboration et facilite les échanges au quotidien. 

Conclusion

La perte auditive au travail n’est ni rare ni anecdotique : elle pèse sur la compréhension, la sécurité et la qualité des échanges. La bonne nouvelle ? Des actions simples existent : évaluer, adapter l’environnement, faire évoluer les habitudes de communication, et proposer le dépistage quand c’est pertinent. En agissant pas à pas, vous facilitez la compréhension, réduisez les malentendus et incluez mieux tous les collaborateurs.

Envie d’avancer dès maintenant ? Contactez SONUP SoCiety pour organiser un dépistage sur site ou une action de sensibilisation pour vos collaborateurs.

FAQ

Les signes les plus fréquents sont les demandes de répétition, la fatigue en fin de journée, les malentendus en réunion/téléphone/visio et parfois un retrait progressif. Si ces signaux durent, on parle probablement d’une perte auditive au travail qui mérite d’être identifiée.

Voir 1.2 Signaux d’alerte : fatigue auditive, demandes de répétition, erreurs

On commence par l’environnement (réverbération, sources, espace calme), puis l’organisation (point d’échange clair, créneaux calmes) et enfin l’outillage (sous-titres en visioconférence, micros réglés, décision écrite en une ligne). 

Voir 5. Agir concrètement : aménagement de poste et communication au travail avec un collaborateur malentendant

Dès qu’apparaissent des signaux d’alerte (fatigue auditive, demandes de répétition), lors d’une exposition au bruit ou à des moments clés (prise de poste exposé, retour, réaffectation). Le dépistage objective la gêne et oriente les aménagements dans un cadre confidentiel.

Voir 5. Agir concrètement : aménagement de poste et communication au travail avec un collaborateur malentendant

Sources :

Enquete 2025 ANA IFOP
Code du travail – bruit au travail (partie R.4431-1 et suivantes) – Légifrance.
INRS – Dossier thématique Bruit au travail (principes de prévention, évaluation des expositions, mesures techniques/organisationnelles).
Ministère du Travail – Prévention du bruit au travail, DUERP (évaluation, traçabilité, obligations).
Directive 2003/10/CE (exposition des travailleurs au bruit).

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